Union des Cercles Généalogiques d'Entreprises
 

 
 
 
 
 
 
 
 
VISITE : Hôtel des Invalides
28 février 2005
 
Dans le cadre des visites organisées par l'UCGE,
 
VISITE DE L'HÔTEL NATIONAL DES INVALIDES
par Régine Vergnes
Cette visite n'a pas pour but de nous faire visiter toutes les salles du musée mais de nous montrer la partie la plus prestigieuse et certains endroits inaccessibles au public habituellement.
Notre guide, une jeune femme, nous conduira « tambour battant » mais toujours souriante et prête à répondre à nos questions.
Nous constatons que dans la cour, tout comme dans les galeries (qui avaient été créées pour permettre aux invalides de se promener à l'abri des intempéries) qui l'entourent sont placés des fûts de canon datant pour certains de l'époque de Louis XIV (soleil rayonnant), certains magnifiquement sculptés.
Signalons qu'à l'origine, les bâtiments des côtés est et ouest de la Cour d'Honneur constituaient les deux salles de réfectoire.
On doit les Invalides à Louis XIV. En effet, jusque là, les soldats blessés devenus invalides devaient se débrouiller comme ils pouvaient pour vivre quand ils sortaient des couvents hospitaliers qui les avaient soignés. Mais n'ayant plus qu'un quart de leur solde pour vivre et faire vivre leur famille, cela devenait pratiquement impossible et beaucoup devenaient brigands ou criminels, ce qui n'améliorait pas la réputation de l'armée. Louis XIV veut remédier à cela et décide donc en 1670 la construction d'un hôtel des invalides, dont la construction sera financée en partie par une retenue sur la solde des militaires pendant 5 ans.
Il confie la direction des travaux en 1671 à Libéral Bruant (1635-1697) qui construit les bâtiments entourant la Cour d'Honneur en un an.
Les premiers pensionnaires s'installent en 1674.
Libéral Bruant est écarté en 1676 (délais non respectés) au profit de Jules Hardouin Mansart (1646-1708) qui édifie la nef (actuelle église des soldats), puis l'Eglise du Dôme (de 1676 à 1678) et d'autres bâtiments. La construction s'achève en 1706.
Qui entre à l'Hôtel des Invalides ? 3 conditions sont requises :
- être totalement estropié (+ de 80 % d'invalidité à l'heure actuelle)
- être catholique
- avoir passé 10 années au service du roi dans l'armée.
Au début du XVIIIè siècle, il y a jusqu'à 4 000 pensionnaires, sans compter les plus valides qui sont envoyés dans certaines places frontières où ils montent la garde. Les demandes d'entrée augmentent rapidement (+ de 5 000 par an), ce qui oblige à porter la 3è condition à « 15 années de service » très rapidement.
Par contre, l'invalide qui y est admis bénéficie d'une chambre à vie, raison de son grand succès. Il ne faut pas oublier que dans les hôpitaux de l'époque, les malades étaient jusqu'à 5 par lit (ce qui favorisait plus la contagion que la guérison !). C'est donc le premier endroit en France où des malades sont soignés dans de bonnes conditions d'hygiène. D'autre part, les médecins militaires sont mieux équipés et d'avantage habitués aux soins requis. C'est donc presque avec soulagement que l'invalide entre dans cette Institution, malgré la famille qu'il quitte pour toujours (elle reste bénéficiaire du quart de solde de l'invalide) car il est soigné, hébergé et nourri à vie, bénéficiant en plus d'un quart de vin par repas et de tabac.
En contre partie, il doit respecter le règlement, strict, prévoyant, entre autres :
- le couvre-feu (celui qui ne le respecte pas est privé de son quart de vin au dîner : tous les retardataires sont placés à une table centrale, dans chacun des deux réfectoires, sans vis-à-vis : la table des buveurs d'eau),
- les visites sont interdites dans les chambres, même pour la famille (si un invalide est pris en flagrant délit avec une femme, ils sont tous deux exposés au milieu de la Cour d'Honneur sur un cheval de bois),
- le renvoi définitif en cas de faute grave, ce qui signifiait transfert dans un hôpital et la mort à plus ou moins longue échéance.
L'invalide peut sortir, sauf le samedi, car le lendemain il doit assister à la messe (la vie spirituelle est assurée par les Prêtres de la Mission, assistés des Filles de la Charité). Il peut aller voir sa famille ou la recevoir, dans la partie prévue à cet effet.
C'est à l'époque le premier bâtiment à la fois militaire, médical et religieux.
Louis XIV assiste souvent à la messe aux Invalides, mais un aussi grand roi ne peut passer par la même porte que ses soldats, encore moins se retrouver parmi eux : il a son entrée personnelle par l'Eglise du Dôme et le prêtre qui officie à l'autel tourne le dos aux soldats qui se trouvent dans la nef pour faire face à Sa Majesté.
Les invalides qui ne peuvent se lever sont alités dans des bâtiments annexes en forme de croix, au centre de laquelle officie un prêtre, permettant ainsi à chacun d'assister à la messe.
Ceux qui le peuvent exécutent quelques travaux de cordonnerie, tapisserie, enluminure dans des ateliers prévus à cet effet.
Quand il décède, l'invalide est enterré, soit à Paris, soit rapatrié par la famille (aux frais de cette dernière) dans son pays.
A noter qu'actuellement l'Hôtel des Invalides abrite une centaine d'invalides, ce qui a permis de créer dans les espaces devenus disponibles :
- le musée de l'armée
- le musée des plans relief
- le musée de l'ordre de la libération
- ainsi que des structures administratives militaires.
Même si les règles ont évoluées avec le temps, le règlement est toujours très strict pour les résidents permanents actuels (âgés de 38 à 78 ans).
L'hôpital, très réputé en matière d'opérations et de prothèses, accueille de nos jours quelques civils, le temps nécessaire à leur traitement et à leur rééducation.
L'Institut National des Invalides (I.N.L) est représenté dans les cérémonies officielles par son étendard, entouré d'un piquet d'honneur, constitué de pensionnaires de tous grades.
Nous revenons dans la galerie que nous suivons jusqu'à l'église St Louis des Invalides ou église des soldats.
Elle est séparée de l'Eglise du Dôme depuis 1873 par une double porte vitrée. L'architecture est très sobre. Il ne reste que quelques drapeaux suspendus aux corniches de chaque côté de la nef. En 1814, 1417 drapeaux et étendards qui y étaient déployés furent brûlés sur l'ordre du Gouverneur, le Mal Sérurier, avant l'entrée des alliés à Paris. Il sauva cependant les 4 drapeaux de la victoire d'Austerlitz (qu'il cacha dans son habit) qui sont suspendus de chaque côté de la porte vitrée. Petit à petit, des drapeaux sont supprimés, en raison de leur état de vétusté : il est impossible de les restaurer. Le bâtiment a été rénové en 1992/1993 et l'électricité a été refaite l'année dernière.
Avec l'autorisation du Gouverneur des Invalides, des mariages et des enterrements de militaires y sont encore célébrés de nos jours, de même que des cérémonies officielles, telle que la remise de la Légion d'Honneur à des militaires dans la Cour d'Honneur (Napoléon ler remit pour la première fois la Légion d'Honneur le 15 juillet 1804 dans cette cour)...
La suite dans le bulletin n° 51 du CGHCL d'avril 2005
Dernière mise à jour de cette page : 11 avril 2005