Ce projet génial consiste à construire de toutes pièces au XXIe un château du XIIIe en respectant les techniques de l'époque : 35 à 50 "oeuvriers" vont y travailler durant 25 ans
Il est prévu en complément du château un village artisanal et une chapelle.
Maître Louis, historien, notre guide, doté d’un grand sens de l’humour, aura à cœur de nous faire partager sa passion pour le chantier et le passé.
Cette visite nous rafraîchira les leçons d’histoire de notre enfance. Nous aurons également un cours de mathématiques moyenâgeux.
La leçon d’histoire commence par le rappel historique des premiers châteaux forts .
A la mort de Charlemagne, le royaume qu’il avait unifié , est de nouveau morcelé.
A partir du IXe siècle le territoire est envahi par des « barbares » : au nord les Vikings (Normands), au sud les Maures (Sarrasins), à l’est les Saxons, au sud-est les Lombards (rappelons nous que d’autres barbares avaient déjà pénétré dans la Gaule romaine quelques siècles plus tôt : Francs, Goths, Burgondes, Alamans, Vandales…).
Pour se défendre, aux IXe et Xe siècle, on construit les châteaux en terre et en bois. Il n'y a qu'une seule et grande tour, entourée d'une palissade en pieux et d'un fossé. On appelle ce type de construction : une motte.
A partir du XIe siècle on commence à construire des châteaux en pierre avec une architecture assez simple. Ils possédaient une seule et grande tour appelée donjon ou tour maîtresse et étaient situés sur une butte de terre dominant une vallée.
Le château fort cumule plusieurs fonctions :
 c'est un lieu d'affirmation du pouvoir pour le seigneur : il a une fonction ostentatoire car plus le bâtiment est imposant et plus il est doté de moyens de défenses exagérés dans leur forme ou leur nombre, plus le seigneur impressionne affirme sa puissance. Il assoit ainsi son rang notamment face aux châtelains voisins ou aux paysans qui en dépendent. La période de foison des châteaux-forts correspond en effet au manque d'affirmation de la puissance publique : le pouvoir est ainsi morcelé aux mains de puissants seigneurs qui défient l'autorité royale,
 c'est un lieu militaire, qui sert à protéger les biens et les habitants du fief (on verra que c'est cette fonction qui en détermine ses caractéristiques architecturales) : il fait obstacle à l'assaut des combattants adverses (lors des attaques, tout le monde se réfugiait dans le château car les ennemis commençaient par brûler les maisons des paysans). C'est pour cela que les paysans payaient de grosses taxes au seigneur en échange de leur protection,
 c'est un lieu ou s'exerce la justice pour tous les problèmes survenus sur le fief du seigneur,
 c'est un lieu d'habitation, où le seigneur et ses proches résidents (cela évoluera par la suite, lorsque le confort sera plus utile que la sécurité !).
Les sociétés féodales se développent en Europe selon un schéma pyramidal, les habitants sont sous la dépendance du seigneur.
Dès le XIIe siècle , les grandes villes offrent des conditions favorables aux échanges. Les commerçants et les artisans se regroupent, une nouvelle classe se crée : la bourgeoisie des villes. La construction d'un réseau de route facilite le renouveau du commerce en Europe et la création de foires qui commercent entre l'Europe et l'Orient.
A partir du XIIIe siècle les châteaux deviennent des véritables forteresses (sous l’impulsion de Philippe Auguste) devant résister aux attaques de plus en plus fortes et précises des assaillants (les luttes sont vives entre la Couronne de France et la dynastie Plantagenêt qui tient l'Anjou et règne sur l'Angleterre : de nombreux châteaux deviennent alors l'enjeu de luttes pour reconquérir un territoire).
Un château fort au XIIIe siècle se compose, en principe, de murs d'enceintes très hauts et très épais : de 2 à 6 mètres d'épaisseur.
Aux angles saillants, on construit des tours de forme carrée dans un premier temps, puis ronde ensuite.
On s'aperçoit que les tours rondes résistent mieux aux projections de pierres et de boulets. Dans ces tours, on construit des archères : ce sont des sortes de fentes qui permettaient de tirer des flèches sur les ennemis tout en étant protégés des attaques adverses.
Il y avait également un donjon ou une tour maîtresse. C'est la tour la plus grosse du château, et c'est elle, normalement, qui résiste le mieux et le plus longtemps aux attaques.
Avec le développement des machines de guerre et des engins de siège naît l'art de la défense, dont les forteresses sont le témoignage.
Dans le château, il y a également les appartements du seigneur et une chapelle.
La défense du château :
En cas d'attaque, une fois que tous les paysans s'étaient réfugiés dans le château, la herse était baissée et le pont-levis remonté. Pour que l'ennemi puisse rentrer dans le château, il devait franchir la palissade puis les douves.  Les sentinelles qui montaient la garde sur le chemin de ronde regagnaient alors rapidement leur poste de combat. Les archers et les arbalétriers du château tiraient leurs flèches à travers les meurtrières mais aussi à travers les créneaux. Ils se protégeaient des attaques derrière les hourds. Les premières armes à feu n'étaient pas beaucoup plus puissantes que les arcs et les arbalètes, mais le projectile qu'elles lançaient permettait de percer les armures.
Pour repousser les hommes qui essayaient d'envahir le château, plusieurs soldats jetaient toutes sortes de matériaux : de l'huile, du plomb fondu, de la poix, des pierres et même des meubles ou des détritus. S'ils n'avaient plus de matériaux à jeter sur leurs ennemis, ils tentaient de repousser les échelles à l'aide de bâtons fourchus.
Les bâtisseurs :
Au début des travaux, 11 métiers sont indispensables à la construction. Il y a ceux qui travaillent directement sur le château (carriers, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers …) et ceux qui exercent des petits métiers très importants pour le fonctionnement du chantier : charretiers (transport des matériaux avec les chevaux), forgerons (fabrication et réparation des outils), vannier (fabrication de gros paniers pour le transport) …
Leçon de mathématique
Les unités de mesure au Moyen Âge : toutes les mesures utilisées au Moyen Âge correspondent à la longueur d'une partie du corps humain.
L'unité de référence minimale est la ligne, cette unité équivaudrait en fait au diamètre d'un grain d'orge
Au Moyen Âge, le maître d'œuvre utilise le compas et l'équerre pour faire ses tracés. On utilise plus facilement la géométrie pour résoudre des calculs que l'algèbre, mal maîtrisé par les gens de l'époque.
C’est la géométrie qui enseigne comment coordonner le plan et l'élévation de l'édifice, mais aussi comment définir les gabarits des pierres qui doivent permettre sa réalisation
On utilise aussi la corde à 13 nouds (nœuds)
La corde à 13 nouds est une corde comportant 12 intervalles égaux, ce qui fait donc 13 nouds lorsqu'elle est ouverte.
Un intervalle correspond à une coudée. Donc 12 intervalles = 630, 72 cm.
La corde à 13 nouds sert notamment à reporter au sol les tracés exacts des figures géométriques. Cet outil permet notamment de tracer des angles droits, des triangles isocèles, des droites perpendiculaires. et tout cela sans utiliser d'unités de mesure algébriques….
Le reportage entier de cette visite sera publiée sur le bulletin n° 49 du CGHCL (Octobre) et dans le CD reprenant la compilation des photos de la journée. A la disposition des participants de la visite auprès de Mireille Pailleux.

Renseignements utiles: Chantier médiéval de Guédelon, Treigny (Yonne). www.guedelon.org